Art et Histoire Art et histoire du Moyen Âge à nos jours

Art classique

L'art est souvent marqué par la morale religieuse même quand il traite de sujets profanes. Durant la période classique se succèdent et parfois se côtoient différents styles. Les noms de ces styles ont souvent été donnés a posteriori et n'étaient pas utilisés à l'époque.

Le baroque (du portugais «barroco» : perle irrégulière) naît en Italie (XVIe et XVIIe). Il est souvent défini comme l'art de la Contre-Réforme : l'Église veut un art imposant, dont la dimension fortement émotionnelle incite à la ferveur religieuse. Repris par les laïcs, il a pour but d'impressionner. Il est relativement peu diffusé en France.

Le classicisme, seconde moitié du XVIIe, est souvent considéré comme un art au service de la Monarchie. Il prend pour modèle l'art antique. Il se caractérise par la primauté de la raison, un idéal de parfaite adéquation entre la forme et le fond, une volonté d'harmonie (souvent morale et/ou religieuse) et de simplicité.

Rococo (de «rocaille» et «baroco»). Style de peinture et d'architecture, prolongement du baroque, caractérisé par des décors lourdement chargés. Ce style culmine sous la Régence et au début du règne de Louis XV. C'est un art sans message spirituel, évoquant le plaisir frivole, spontané et fugitif.

Néoclassicisme. Environ 1750-1830. Partie d'Italie (où des archéologues redécouvrent Pompéi), il arrive en France par l'intermédiaire des peintres et sculpteurs de l'Académie de France à Rome. Retour à la rigueur et l'austérité.

Principales caractéristiques du baroque et du classicisme
BaroqueClassicisme
émotion et passionraison et ordre
mouvement-> déséquilibre (peinture)stabilité, équilibre
-> inconstance et rebondissements dramatiques (théâtre)
pluralité et exubérance -> complexité -> surcharge décorativedépouillement et simplicité

Architecture

L'architecture française va rapidement se détourner du baroque italien jugé excessif. De plus, il y a rivalité et volonté de supplanter l'Italie, qui se concrétise par Versailles. Il y a donc peu d'architecture qualifiée de baroque en France.

Classicisme. Thème récurent: un corps central et deux ailes symétriques, un ordre architectural (dorique, ionien, corinthien) pour chaque étage. Son but est de concilier utilité et plaisir, simplicité et logique. Représentants : François Mansart (1598-1661), Louis Le Vau. Exemple : la place des Vosges (la place la plus ancienne de Paris, construite de 1605 à 1612).
Versailles : son but est de magnifier Louis XIV (et ses successeurs). Il s'agit d'une oeuvre complexe donnant à voir un art total :

Château de Versailles

Musique

On peut noter que la musique savante de l'époque incorpore souvent des danses populaires (gigue, chaconne, menuet, etc.) La facture évolue : de nouveaux instruments sont inventés et d'autres disparaissent (luth, clavecin, violes de gambe, etc). Premières mentions de différents systèmes de tempérament égal qui permettent de composer dans toutes les tonalités de l'harmonie naissante (abandon progressif des modes ecclésiastiques).

Baroque. Tombé dans l'oubli, la musique baroque est redécouverte au milieu du XIXe (Mendelson). Ce style sophistiqué débute vers 1610 [Orfeo (1607-), de Claudio Monteverdi] et finit à la mort de Jean-Sébastien Bach (1685-1750). Caractéristiques : importance du contrepoint [Sonate en trio (1720-), de Jean-Sébastien Bach], importance donnée aux ornements, basse continue chiffrée et jeu des contrastes (e.g. le concerto). Représentants : Antonio Vivaldi (1678-1741), Marc-Antoine Charpentier, François Couperin (1668-1733), Jean-Philippe Rameau. Écoutez Marche pour la cérémonie des Turcs (1680-), de Jean-Baptiste Lully.

La période classique commence avant la mort de la musique baroque et se poursuit jusqu'à la mort de Beethoven (1827). Représentants : Joseph Haydn, Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), Ludvig Beethoven (van) (1770-1827). Caractéristiques : dépouillement harmonique, importance de la mélodie, constrastes (dynamique, couleurs, etc.) La structure rigoureuse de la forme sonate (exposition d'un ou deux thèmes, développement, réexposition, conclusion) est très présente. Beethoven est considéré comme la charnière entre le classique et le romantisme.

Sculpture

Baroque. Exemple de Sainte Thérèse d'Avila en extase de Bernini. En sculptant un visage allangui à Thérèse, Bernini cherche à faire toucher du doigt la ferveur religieuse et l'attente de l'extase bienheureuse. La statue fait partie d'un ensemble architectural pour la chapelle Cornaro de Sainte Marie de la Victoire ; c'est le concept d'art total.

Peinture

'Les Sabines' de Jacques Louis David, 76 ko

Baroque. Derrière l'exubérance apparemment désordonnée des tableaux se cache une composition rigoureuse (recoupement de lignes de fuite, choix raisonné des couleurs, etc.) Caractéristiques : primauté de la couleur, tension, déséquilibre et mouvement. Rubens (1577-1640) : Adoration des Mages (1617-1618).

Classicisme : seconde moitié du XVIIe. Principaux représentant : Nicoloas Poussin (à Rome), Charles Lebrun (à Versailles). Caractéristiques : primauté du dessin sur la couleur, stabilité et équilibre, sujets nobles, référence à l'Antiquité.

Rococo : Régence et règne de Louis XV. Évoque le plaisir frivole, spontané et fugitif. Les hasards heureux de l'escarpolette (1767-), de Jean-Honoré Fragonard, Diane sortant du bain (1742-), de François Boucher.

Néoclassicisme : mi-XVIIIe à début XIXe. Partie d'Italie (où les archéologues redécouvrent Pompéi), il arrive en France par l'intermédiaire des peintres et sculpteurs de l'Académie de France à Rome. C'est une réaction à certains excès du baroque et du rocaille. Jacques Louis David (1748-1825) (Les Sabines photo) en est le chef de fil. Perfection et austérité.

Préromantisme fin XVIIIe à début XIXe en réaction au néoclassicisme. À l'ordre et au rationnalisme des règles, les romantiques préfèrent la passion, l'irrationel, le désordre, l'exaltation. Le mouvement prendra toute son ampleur au XIXe siècle.

Littérature

Baroque. Entre la mort de Pierre Ronsard (de) (1524-1585) et le début du règne de Louis XIV (1643-1715). Éclipsée par la littérature classique, elle est redécouverte au XXe. Représentants : Théodore Agrippa d'Aubigné, Pierre Corneille (1606-1684). Thèmes : mouvement et inconstance (les nombreuses conquêtes du Don Juan (1665-), de Jean-Baptiste Poquelin dit «Molière»), l'illusion et la réalité (L'illusion Comique de Corneille).

Classicisme. 1660-1680 est souvent considéré comme l'âge d'or. L'Antiquité est source d'inspiration (relecture des Anciens), mais adaptée à l'époque : le théâtre (théorisé par Chapelain) s'appuie sur La Poétique d'Aristote, la poésie sur L'art poétique d'Horace, Jean La Fontaine (de) (1621-1695) s'inspire beaucoup d'Ésope. Caractéristiques : vraisemblance et bienséance. La vraisemblance (crédibilité) conduit à la règle des trois unités (temps, lieu, action). La bienséance évite de mettre en scène ce qui choque la morale (on parle d'un assassinat mais on ne le montre pas). Le volonté de raison se manifeste par l'analyse des passions humaines afin de soumettre la déraison à la raison (connotation religieuse).

Sur le plan formel, un travail sur l'architecture de la langue française visant à atteindre la perfection formelle précède l'arrivée de la littérature classique (Académie française, Vaugelas). Le théâtre est à l'honneur : la tragédie (Jean Racine (1639-1699), Corneille) met en scène des personnages élevés (héros, princes) au discours élevé (alexandrins) comme dans Andromaque (1667-), de Jean Racine. La comédie (Jean-Baptiste Poquelin dit «Molière» (1622-1673)) s'éloigne de la farce, mais est moins réglée et donc moins prestigieuse. Les pièces de théâtre comportent parfois des intermèdes musicaux (notion d'art total). Le roman est un genre mineur (Mme de la Fayette : La Princesse de Clèves).

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